Solidaires, qui tiendra son congrès du 12 au 16 juin, déplore la faible participation au scrutin TPE, et l'absence d'un véritable débat public. L'Union syndicale espère progresser lors de la nouvelle mesure de représentativité syndicale en mars prochain et appelle les salariés à faire grève le 8 mars au nom des droits des femmes.
Une vingtaine de caisses remplies de bordereaux de retour de propagande électorale, au fond d'une salle de réunion du siège de Solidaires, non loin du métro Jaurès à Paris : voilà aux yeux de Frédéric Bodin, responsable de la campagne TPE de l'union syndicale, l’image du gâchis du scrutin dans les entreprises de moins de 11 salariés (voir ci-dessus son interview sonore). "Nous avons eu 10% de retour sur le matériel électoral que nous avions envoyé aux adresses communiquées par la direction générale du travail (DGT), et qui étaient les adresses des listes électorales. Cela signifie donc que 10% des salariés des TPE n'ont pas pu prendre part aux votes".
Solidaires met en cause non la fiabilité des résultats mais l’organisation du scrutin. Le décalage des dates in extremis a amené l’union syndicale à "bricoler" pour actualiser un matériel électoral qu’elle avait dû préparer six mois avant, donc sans pouvoir y mentionner l’enjeu de la loi Travail. "Nous avons par exemple mis un coup de tampon sur nos cartes postales avec les nouvelles dates. Mais ça ne fait pas très sérieux". Le syndicat critique aussi le fait que les listes électorales aient été arrêtées fin 2015 : "Tous les salariés embauchés depuis dans les TPE n’ont pas pu voter", constate Frédéric Bodin.

Solidaires tance aussi le gouvernement pour l’absence d’une véritable communication et débat public autour de l’enjeu de l’élection : "Nous n’avons pas beaucoup vu ou entendu la ministre du Travail appeler les électeurs à voter, y compris lorsqu’il aurait fallu relancer la participation. Pourtant, on l'a vu lors des pics de pollution : le gouvernement sait communiquer dans l’urgence. Nous avions aussi demandé à France Télévision et à Radio France l’organisation d’un débat entre les organisations syndicales sur l’élection. On ne nous a même pas répondu ! Et nous n’avons pas pu utiliser les panneaux électoraux, sauf dans quelques villes, au motif qu’ils sont réservés à l’expression politique". Solidaires en conclut donc qu’il n’y avait pas vraiment de volonté politique d’avoir un grand débat sur cette élection. Un scrutin dont les enjeux de plus étaient ignorés par les salariés : "Voter directement pour les conseillers prud’hommes, cela avait un autre sens que de dire : votre vote participera à la désignation des conseillers prud'hommes et à la désignation des membres des commissions paritaires régionales interprofessionnelles, des membres qui ne disposent que de 5 heures par mois pour représenter des salariés dans un rayon de 400 km", observent Frédéric Bodin et Eric Beynel, le porte-parole de Solidaires.
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
L’union syndicale, qui a perdu un point par rapport à 2012, est étonnée par les résultats, à commencer par l’étonnante progression de l’UNSA : "Ce syndicat a sans doute mené une efficace campagne catégorielle en ciblant ses messages pour les coiffeurs, les cabinets d’avocats, etc." Solidaires souhaite se pencher sur la différence entre vote électronique (30% des votes contre 18% il y a 4 ans) et vote papier pour mieux comprendre le scrutin. L’union syndicale, qui avait été créditée d'une audience de 3,47% en 2013, attend néanmoins avec espoir les prochains résultats, fin mars, de l’audience syndicale du cycle électoral 2013-2017. "Nous ne serons pas représentatifs mais nous espérons être reconnus dans de nouvelles conventions collectives", avance Eric Beynel. Déjà représentative dans 40 conventions, l'union table sur les effets de ses implantations dans les centres d’appel, la protection sociale, l’industrie, la chimie, les transports, le commerce (Carrefour Market par exemple).
Avant ce rendez-vous, Solidaires en fixe un autre aux salariés, et d’abord aux salariées : l’union syndicale les appelle, avec la CGT, la FSU, l’UNEF et des organisations féministes, à faire grève le 8 mars. "Nous en avons un peu assez de ces entreprises qui offrent des fleurs le 8 mars en parlant de "la journée de la femme". Nous souhaitons redonner à la journée du 8 mars son caractère de lutte revendicative", explique Cécile Gondard-Lalanne, porte-parole de Solidaires avec Eric Beynel. Le mot d’ordre concerne l’égalité femmes/hommes, "alors que les discriminations salariales restent fortes de même que le partage des tâches à la maison".
Alors que nous sommes en pleine campagne présidentielle, Solidaires prépare son 7e congrès qui aura lieu entre les deux tours des élections législatives, du 12 au 16 juin. De 300 à 400 délégués se réuniront à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor). Figurent au menu des discussions sur les enjeux internationaux. Sur les migrants, sur la construction européenne, sur les traités, "nous souhaitons bâtir un réseau international de syndicats de lutte", annonce Cécile Gondard-Lalanne. Les délégués plancheront aussi sur des résolutions portant sur l’évolution du monde du travail avec l’économie des plateformes numériques, le développement de la précarité, et sur les stratégies et outils syndicaux à imaginer pour s’adapter à cette nouvelle donne, précise Eric Beynel.
Interrogée sur l’idée de revenu universel de Benoit Hamon, l’union syndicale répond n’avoir pas élaboré de position sur le sujet et il n'est pas certain qu'elle le fasse d'ici la présidentielle. En revanche, le syndicat se montre critique à l’égard du CPA (compte personnel d’activité), que l’actuelle majorité revendique comme une avancée sociale majeure : "Ce dispositif reste pour l’instant une coquille vide. Le CPA est loin de répondre aux enjeux de pénibilité, de financement de la formation, de portabilité des droits…"
Nos engagements
La meilleure actualisation du marché.
Un accompagnement gratuit de qualité.
Un éditeur de référence depuis 1947.
Des moyens de paiement adaptés et sécurisés.